Médecins
Principes et objectifs pédagogiques
1- Principes
Pendant longtemps les principes de la pédagogie en médecine, s’arrêtait au fait de prodiguer un enseignement, un cours, de manière descendante et unilatérale, du maitre à l’élève, du sachant à l’apprenant. Il est admis actuellement que l’enseignant doit dépasser son rôle classique de dispensateur de savoir pour adopter un rôle de facilitateur d’apprentissage.Ceci repose sur une prise en compte de la manière dont « fonctionne » un étudiant. C’est ce que l’on appelle la psychologie cognitive, qui repose sur deux types de connaissances : les connaissances déclaratives (théoriques, facilement accessibles) et les connaissances d’action.
Parmi les connaissances d’action, il y a :
- les connaissances procédurales, c’est-à-dire la capacité à agir en situation technique.
Exemple : si je veux mettre une perfusion alors il me faut ….
- les connaissances conditionnelles, c’est à dire la capacité à agir en fonction de l’analyse de la situation
Exemple : si le patient est porteur de telle affection, si…alors je…
Alors que le modèle traditionnel est centré sur l’enseignant et l’acquisition des connaissances, le modèle pédagogique aujourd’hui partagé par tous, s’appuie sur l’acquisition des compétences. Cela signifie en clair, évaluer les connaissances d’action et non plus seulement les connaissances déclaratives.
En pratique, notre démarche pédagogique s’inscrit tout d’abord dans un soucis de cohérence et de dynamique des séquences pédagogiques : les modules de la formation longue s’enchainent dans un ordre précis, et la direction des études s’attache au respect des programmes et de l’ordre des cours. Ensuite l’enseignant doit pendant ses cours, essayer en permanence de contextualiser et décontextualiser.
- Contextualiser : au cours d’un enseignement théorique type cours magistral classique, l’enseignant doit situer le concept dans un exemple de situation clinique
Exemple : cours sur le choc hémorragique et les conséquences physiologiques cardio vasculaires, décrire les signes cliniques, le contexte et l’évolution d’un patient victime d’un arrachement de membre après explosion d’une mine.
- Décontextualiser : au cours d’un enseignement pratique, l’enseignant doit faire un rappel sur les connaissances fondamentales.
Exemple : au cours d’une séance de mise en situation avec prise en charge d’un traumatisé crânien grave, faire le point en séance de débriefing sur les facteurs aggravants physiologiques d’un traumatisme cérébral, (ACSOS) les éléments régulateurs du débit sanguin cérébral. ….
Ensuite, les démarches pédagogiques s’articulent selon 3 axes :
- L’axe heuristique : permettre au stagiaire de découvrir des notions par lui même au cours de séances de brainstorming (remue – méninges)
- L’axe démonstratif : permettre au stagiaire de présenter et d’expliquer un certain nombre de notions (présentations Powerpoint)
- L’axe applicatif : permettre au stagiaire d’appliquer tout ou une partie d’un concept appris en cours.
2- Objectifs
Quelque soit l’enseignement dispensé aux stagiaires, les objectifs de pédagogie auxquels s’attache l’équipe pédagogique sont de type ternaires :
- Objectifs de type savoir : connaissances théoriques, fondamentales, de type déclarative
- Objectifs de type savoir-faire : connaissance pratiques, techniques, dites d’action.
- Objectifs de type savoir-être : objectif essentiel pour certains de nos stagiaires destinés à commander des équipes et à s’intégrer à des chaines complexes de commandement. On les amène tout au long de l’année à acquérir la notion de ce que doit être un « chef » et comment il doit se comporter. C’est à dire qu’on leur apprend la notion de « leadership » et de tout ce qu’il en découle en terme de comportement, de valeurs et de langage.
3- La simulation en médecine
L’apprentissage par simulation permet de répondre à l’ensemble des principes et objectifs pédagogiques évoqués plus haut. Il présente aussi l’avantage, et l’idée-force de permettre un rythme d’apprentissage propre à l’individu, ou au groupe de stagiaires. Cet enseignement s’adapte donc à tout type d’objectifs pédagogiques et à tout type de public
Les séances sont organisées tout au long de l’année et en fonction des thèmes abordés selon 3 niveaux d’apprentissage :
- Apprentissage de gestes techniques spécifiques (ex : intubation à séquence rapide, remplissage vasculaire)
- Apprentissage de procédures complexes associant plusieurs concepts et plusieurs techniques (ex : prise en charge d’une amputation traumatique de membre après explosion en situation dégradée
- Apprentissage du travail en équipe se répartissent rôle et responsabilités (ex : accueil d’un polytraumatisé en équipe au service des urgences)
Elles sont systématiquement suivies par une séance de débriefing dont les objectifs pédagogiques ont été définis auparavant.
L’enseignement associe cours théoriques, travaux pratiques, cours de langues, télé-enseignement et exercices sur le terrain.Les étudiants sont aussi intégrés lors de leurs stages hospitaliers dans le travail des équipes soignantes des services médicaux et chirurgicaux de l’hôpital Omar BONGO ONDIMBA.
Le programme de l’année universitaire qui dure neuf mois comporte, en plus des stages hospitaliers et des gardes médicales, 600 heures de cours théoriques et pratiques, associées à des manœuvres médico-militaires.
Le contrôle des connaissances se fait par QCM interactifs à la fin de chaque module complété par un examen final.
Les partenariats privilégiés de l’EASSML se font sur place avec l’Ecole d’État-major de Libreville (EEML), l’autre ENVR du Gabon, le centre médical interarmées(CMIA) des Eléments Français au Gabon (EFG), le centre de langue de la défense ainsi que les différents services hospitaliers de l’HIA Omar BONGO ONDIMBA.
En collaboration avec la Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé de Libreville, un projet de création d’un diplôme universitaire de médecine des urgences (DUMU) a pu voir le jour en 2013. Il existe de même d’étroites relations avec l’Ecole du Val de Grâce de Paris qui détache des enseignants cliniciens, soit au cours de séjours prolongés, soit par des missions de courte durée.
L’EASSML a été reconnue par la CEEAC (communauté économique des Etats d’Afrique Centrale) comme centre d’excellence pour former les médecins de la sous-région dans le cadre des opérations de soutien à la paix.
La mission d’enseignement de l’EASSMML a pour vocation de s’étendre à plusieurs autres domaines : la formation continue des médecins d’unité à la médecine d’urgence, la médecine de catastrophe, la médecine de guerre et la médecine humanitaire, la formation des cadres de santé, le soutien pédagogique des spécialistes hospitaliers et la recherche scientifique.
Domaines pédagogiques
1- Domaine pédagogique principal
L’objectif pédagogique principal est de former et préparer au mieux les jeunes médecins nouvellement diplômés, issus des services de santé militaire de pays de sous-région, aux spécificités de la médecine militaire d’aujourd’hui :
- La médecine générale au quotidien, en unité, à l’usage des militaires, et de leur famille, et évidemment adaptée aux réalités de santé publique du continent
- La médecine de l’urgence individuelle en particulier la traumatologie ;
Mais aussi, la médecine de l’urgence collective, tant dans le cadre de missions de maintien de la paix, que dans celle à caractère purement humanitaire.
Cursus médical classique
2 étapes de validation d’un diplôme universitaire de médecine d’urgences.
- Validation sous forme de QCM interactifs, à la fin de chaque module, en utilisant le logiciel hypermaster. Un examen final est réalisé au mois de juin selon les mêmes modalités. Les étudiants doivent obtenir une note moyenne de chacune des épreuves, supérieure ou égale à 10 sur 20.
- Validation par mémoire de fin d’année sur un thème de médecine d’urgence ou de médecine de catastrophe et présenté à un jury civil et militaire. Cette validation donne droit aussi à l’obtention du Diplôme Universitaire de Médecine des Urgences.
1–Module Médecine d’urgence : 68 heures
Cours théoriques : 42 heures
- Introduction à la médecine d’urgence
- Organisation des soins d’urgence
- Sédation analgésie extra hospitalière et aux urgences
- Gestion des voies aériennes (O2, intubation, ventilation)
- Réanimation cardio-respiratoire
- Abords vasculaires
- Prise en charge d’un patient en détresse vitale
- Coup de chaleur
- Envenimations
- Tétanos néo natal
- Paludisme grave
- SIDA et urgences
- Tétanos de l’adulte
- Méningite
- Urgences drépanocytaires
- Convulsions de l’adulte
- Asthme aigu grave
- Syndrome coronarien aigu
- IRA et BPCO
- Embolie pulmonaire
- Hémoptysie
- Urgence hypertensive
- AVC
- OAP
- Lecture rapide ECG
- Troubles du rythme et de la conduction
- Réanimation du nouveau né à la naissance
- Urgences circonstancielles (électrisation, pendaison, noyade)
- Prise en charge initiale d’un brûlé grave
- Urgences ORL
- Urgences stomatologiques
- Urgences ophtalmologiques
- Insuffisance rénale aigüe
- Urgences gynécologiques
- Urgences de l’enfant
- Urgences chez le diabétique
- Intoxication médicamenteuse
- Douleur abdominale
- Hémorragie digestive
- Diarrhée aigüe de l’adulte
Travaux pratiques : 26 heures
- TP RCP
- TP Abords vasculaires (périphériques, intra osseux, centraux)
- TP Abord des voies aériennes (ventilation, intubation)
- TP ECG
- TP dilutions, utilisation d’un PSE
- TP drainage thoracique
- TP transport sanitaire, constitution du sac d’intervention
- TD Mises en situation / exercice
TD Mises en situation / exercices : 08 heures
2-Module Traumatologie : 23 heures
Cours théoriques : 16 heures
- Généralités
- Les plaies
- Syndrome des loges
- Traumatologie ostéo-articulaire : le membre supérieur
- Traumatologie ostéo-articulaire : le membre inférieur
- Traumatologie ostéo-articulaire : le bassin
- Traumatologie ostéo-articulaire : le rachis
- Infections ostéo-articulaires en traumatologie
- Traumatisme thoracique
- Traumatisme abdominal
- Traumatisme crânien
- Notions physiques sur les ultra-sons
- Généralités sur la technique de FATS-échographie
- Choc hémorragique traumatique
Travaux pratiques : 06 heures
- TP FAST – échographie en demi groupe
- TP immobilisations
- TP sutures
3-Module Blessé de Guerre : 53 heures
Cours théoriques : 41heures
- Généralités
- Notion de balistique
- Plaies vasculaires des membres et du cou
- Fracas de membres
- Traumatisme maxillo facial du blessé de guerre
- Traumatisme et brûlure oculaire du blessé de guerre
- Infection en chirurgie de guerre
- Le blessé par explosion
- Prise en charge du blessé de guerre sur le terrain
- Organisation de la transfusion sanguine à l’avant
- Notion de damage control
- Évacuation sanitaire
- Retex OPEX
- Le service de santé en opérations : doctrine et moyens
- Ravitaillement sanitaire des FSC
- Organisation des EVASAN-procédure radio/message
- Le triage en temps de guerre
- Le risque radio-nucléaire
- Le risque chimique
- Le risque biologique
- Cas cliniques NRBC
Travaux pratiques : 12 heures
- Exercice triage
- TP VAS
- TP abord vasculaire
4-Module Santé publique»
Cours théoriques :
- La surveillance épidémiologique dans les armées
- Les vaccinations dans les armées
- Enquête épidémiologique à partir d’un cas : exemple la tuberculose
- Accidents d’exposition au sang et sexuels
- Éducation sanitaire : exemple MST, SIDA
- Fièvres hémorragiques et maladies émergentes
- CAT devant une épidémie
- Risque infectieux des militaires
- Notions de santé publique
- CAT devant une TIAC
Travaux pratiques :
- Gestion d’une crise sanitaire
5-Module Médecine de catastrophe : 42 heures
Cours théoriques : 24 heures
- Introduction à la médecine de catastrophe
- Historique et justification, les leçons du passé
- La préparation à l’accident majeur
- La chaine des secours médicaux dans l’urgence collective : plan rouge
- Logistique de l’oxygène en situation de catastrophe
- Notions de triage : ACEL, ACEM
- Le plan blanc : organisation de l’hôpital en cas de nombreuses victimes
- Organisation des secours en cas d’accidents de transport en commun
- Organisation des secours en cas de grand rassemblement de foule
- Organisation des secours en cas d’inondation
- Gestion de brûlés en nombre
- Gestion de brûlés en nombre
- Exemples de catastrophes
- La fiche médicale de l’avant
- Catastrophe et aide humanitaire
- Prise en charge des principales détresses vitales en cas de catastrophe: états de chocs, analgésie sédation
- Séismes et crushsyndrom
Travaux pratiques : 18 heures
- Présentation hélicoptères médicalisés
- Présentation HMCC
- Exercice catastrophe
6-Module Médecine humanitaire : 10 heures
- Crises humanitaires : concept et définition, enjeux, défis et limites
- Contexte juridique des interventions humanitaires : DIH
- Éthique et action humanitaire
- Les différents acteurs de l’action humanitaire
- Gestion de l’aide alimentaire et réhabilitation nutritionnelle
- Organisation d’un camp de réfugiés
7-Module Médecine tropicale : 18 heures
- Hyperéosinophilie
- CAT devant une diarrhée tropicale
- Amoebose intestinale et invasive
- Gestion d’une épidémie de choléra
- Diagnostic et traitement d’une fièvre thypoïde
- Fièvre en zone tropicale
- Antibiothérapie probabiliste en zone tropicale
- Bilharzioses, Trypanosomoses
- Leishmanioses, filarioses, helminthioses digestives
- FHV : gestion d’une épidémie
- Les anémies tropicales
- Dermatologie tropicale
- RETEX : gestion d’une épidémie
- Prise en charge de l’ulcère de Buruli en Afrique
8-Module psychiatrie : 20 heures
- Du stress opérationnel à l’état de stress post traumatique
- Les troubles de l’humeur
- Les conduites suicidaires
- Les conduites addictives
- La bouffée délirante aigue
- Les états psychotiques chroniques
- L’examen de la personnalité
- Aptitude psychiatrique dans les armées
9-Module Hygiène : 18 heures
- Introduction à l’hygiène en milieu militaire
- Le péril fécal
- Le risque alimentaire
- La restauration collective
- Hygiène de l’eau
- Gestion des eaux usées et des déchets
- Lutte contre les vecteurs, dératisation
- Rations alimentaires
- Risques liés aux animaux en OPEX
- Notions de médecine vétérinaire
10-Module Médecine d’unité : 54 heures
- Le rôle du médecin d’unité dans la sélection et la surveillance de l’entraînement physique et sportif dans les armées
- Pathologie bénigne du sport : Prise en charge au service médical de l’unité
- Pathologie OPH en médecine d’unité (œil rouge, baisse acuité visuelle)
- Pathologies ORL en médecine d’unité (sinusite, surdité brutale, épistaxis)
- Pathologies dentaires en médecine d’unité
- Éléments de radiologie pratique en unité
- Pathologie obstétricale en unité
- Éléments de biologie pratique en unité
- Organisation et fonctionnement/Documentation et registre du SMU. Les différentes catégories de personnel
- Règles de gestion relatives à l’équipement, les matériels et les véhicules du SMU. Informatisation d’un SMU
- Organisation du soutien médical des activités : Aspects réglementaires
- Le médecin d’unité chef de détachement santé
- Organisation et présentation du poste de secours
- Aptitude et sélection
- Visite systématique annuelle
- Congés militaires liés à l’état de santé
- Éthique, déontologie et secret médical
- Le médecin d’unité face aux problèmes médico-légaux, prescription des substances dangereuses
- Médecine d’expertise et féminisation
- Médecine d’expertise et HTA/cytolyse/tabagisme
- Les fractures de fatigue
- La mort subite en unité
- Expertise, sélection, mise en condition avant OPEX
- Protection sociale des militaires
- Responsabilité médicale
- Correspondance militaire et règles de classement du courrier
- L’hôpital des armées : grands principes d’organisation et de fonctionnement
- Hygiène et sécurité au travail
- Principes de Rééducation fonctionnelle
- Le rôle du médecin d’unité en milieu aéronautique
11-Module Médecine légale : 23 heures
- Constatations de coups et blessures, certificats, agressions sexuelles
- Examen des gardés à vue, maltraitances à enfants, recherche et constatations d’actes de torture
- Levée de corps et autopsie (avec film)
- Blessures par armes à feu et armes blanches
- AVP, morts toxiques, asphyxies, mort subite, brûlures
- Identification des corps, identification de catastrophes
- Responsabilité médicale
- Gestion d’une scène d’infraction ou de crime
- Balistique
- Traces de sang, ADN, toxicologie
12-Module Maintien de la paix et CICR : 46 heures
- Le système des Nations Unies
- Evolution des OSP
- Introduction à l’UA
- Architecture de paix et de sécurité
- Partenaires en OSP
- Aspects juridiques
- Règles d’engagement
- Risques et menaces
- Protection de la force
- Protection personnelle
- Gestion du stress
- Code de conduite
- Opérations et effets
- Communiquer
- Travailler avec les médias
- Rencontre avec un dirigeant clé
- Désarmement, démobilisation et réintégration
- ACM
- Tâches et rôles de l’observateur militaire
- Assistance électorale
- Emploi de la force en interposition
- Missions d’un bataillon en OSP
- Emploi du génie en OSP
- Emploi de l’artillerie en OSP
- Cycle du renseignement en OSP
- Contrôle de foule
- Planification logistique en OSP
- Soutien logistique en OSP
- Préparation du bataillon pour une OSP
- Médecine préventive
13-Module Anglais médico-militaire : 48 heures
- Anglais médical
- Anglais militaire
14-Divers
- Lecture critique d’article
- Autoscopies, savoir présenter à l’oral
- Sécurité en informatique
- Visite de l’institut de pharmacopée traditionnelle
- Simulations médicales
- Ordre serré
L’ensemble des informations sur la formation sont contenues dans le livret pédagogique. A télécharger ici : livret-accueil-guide-pedagogique-2016-2017